Les investissements étrangers en France

NATURE – TYPOLOGIE – PROCESSUS ET CONSTATS

Il est souvent surprenant de constater le décalage entre la communication ventant l’arrivée d’investisseurs étrangers et l’analyse des chiffres qui en résultent. Qu’il s’agisse des projets ou des emplois, approfondir les données est nécessaire, mais permet aussi de rétablir une certaine réalité. Celle liée à l’implantation d’entreprises étrangères est profondément révélatrice d’une vraie complexité en la matière.

 

LES PRINCIPAUX ORDRES DE GRANDEUR
Décompte des projets étrangers pour 2014 en France : 1014
Volume des emplois créés grâce à ces mêmes projets : 26535
Sur les 1014 dossiers étrangers enregistrés combien identifie-t-on d’initiatives industrielles sur la même période : 303
Dont en création d’Ets industriels ex-nihilo : 40
lesquels représentent en terme d’emplois : 1069

 

OU EST LE VERITABLE IMPACT DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE ?

Principalement sur les reprises d’entreprises.

Ainsi, sur les 1014 investissements étrangers toutes natures d’activités confondues

LES REPRISES D’ENTREPRISES
les extensions concernent l’essentiel des initiatives décomptées à savoir : 393

soit 39% du nombre total de projets

La dynamique économique relative à l’implantation d’entreprises étrangère est clairement sur le processus des reprises dont les créations sont estimées à : 10326 postes,

Soit 39% du volume global de postes créés par les entreprises étrangères

Sur les 393 extensions étrangères certaines concernent l’industrie : 202
Pour générer en terme de postes le chiffre de : 4787

 

POUR QUELLES FONCTIONS S’EXERCENT  LE VÉRITABLE INTÉRÊT DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS EN FRANCE ?

(quel que soit le mode d’intervention, création, extension, rachat-extension, reprise-, reprise-extension)

 

LES PROJETS D’INVESTISSEURS ÉTRANGERS EN FRANCE
Centre de décision : 292 emplois créés : 3874
Logistique : 43 emplois créés : 1909
Commercial: 77 emplois créés : 2252
Industrie: 303 emplois créés : 11601
R&D: 91 emplois créés : 1662
Services aux entreprises : 180 emplois créés : 4328
Services aux particuliers : 28 emplois créés : 964

 

TOUJOURS SUR LE PLAN INDUSTRIEL QUELLES SONT LES RÉGIONS LES PLUS ATTRACTIVES  ?

en volume de projets dédiés aux activités industrielles.

Pour l’année 2014 la France enregistre 294 projets industriels (créations-extensions-reprises).

Les territoires les plus dynamiques sont :
l’ile de France : 49 projets
Midi-Pyrénées : 54 projets
Rhône Alpes : 30 projets
Les territoires de fond de classement sont (hors DOM TOM 1 projet) :
La Bourgogne : 2 projets
L’Auvergne : 3 projets
Le Langedoc-R : 4 projets

 

SUR LE PLAN INDUSTRIEL QUEL SONT LES SECTEURS D’ACTIVITÉS CONCERNÉS ?

On souligne que les cinq premiers secteurs concernés sont :

LES PRINCIPAUX SECTEURS INDUSTRIELS
Les équipements électriques : 62 projets
L’équipement industriel et mécanique : 61 projets
La chimie plasturgie : 52 projets
L’automobile : 61 projets
Les matériels aéronautiques, navals et ferroviaires : 38 projets

 

QUELQUES COMMENTAIRES EN FORME DE CONCLUSION

L’implantation d’entreprises étrangères fait toujours rêver. Il est cependant nécessaire de revenir à une certaine réalité même si celle-ci est difficile. En effet, les 1014 projets enregistrés pour 2014 (dont 40 créations pures), représentent 26535 emplois. Tentons de poser en parallèle les emplois perdus en raison de la montée du chômage. Ceci simplement afin d’établir un ordre de grandeur.  Le constat est mauvais et les emplois générés par les initiatives d’entreprises étrangères sont très loin de compenser les pertes enregistrées. En effet, avec près de 190000 chômeurs  (cat A) de plus en 2014, l’impact est bien insuffisant. En 2013, les pertes d’emplois pour la même catégorie avaient été de 175000 personnes, et 285000 pour 2012. (source emploi.blog.lemonde.fr 27 jan 2015).

L’investissement étranger peut, nous l’avons vu, revêtir diverses formes. La source statistique utilisée à savoir Business France, a clairement mis en évidence les processus d’engagements déployés par les firmes étrangères sur le territoire national (créations, extensions, rachat-extensions, reprises, reprises-extensions).  Cette approche est révélatrice de la méthode à mettre en œuvre. Ainsi, il est illusoire de déployer à l’étranger une énergie démesurée et couteuse afin de convaincre les investisseurs potentiels à concrétiser des projets nouveaux au sens d’implantations d’entreprises pures (seulement  9075 emplois créés en 2014). A l’opposé, il apparait techniquement et financièrement beaucoup plus profitable de s’intéresser aux entreprises étrangères déjà installées sur le territoire national. Sur le plan méthodologique, la prospection est grandement facilitée dans la mesure où les déplacements sont limités et les cibles plus faciles à approcher (représentations commerciales étrangères, centres techniques, licenciés, importateurs, et naturellement les réseaux connexes). Entre les extensions qu’elles ont programmées (393), les rachats et les reprises, ont atteint 17460 emplois, soit quasiment le double des créations. Attention, ces dernières sont loin d’être inutiles, bien au contraire. Nous soulignons simplement le fait que leur captation relève d’un processus complexe, long et en période budgétaire contrainte discutable à mettre en œuvre. On arguera aussi du fait que l’attirance du marché et  l’action concurrentielle, sont aussi des facteurs déclenchant pouvant favoriser spontanément l’implantation d’entreprises étrangères sur le sol français.

Enfin, il est nécessaire de ne pas trop rêver. Cette remarque dans la mesure où l’on voit fleurir les technoparcs,  les zones high-tech et tous les positionnements vantant l’innovation. Certes, cela peut sembler nécessaire, mais rappelons-nous que les principaux foyers urbains constituent des aimants naturels pour les investissements étrangers. D’une part, grâce au marché qui de fait provoque un intérêt évident, mais aussi et surtout grâce aux fonctions technologiques, innovantes,  et métropolitaines. Pour mémoire, trois exemples sont révélateurs :

  • En 2014 la Haute Normandie a capté 1 seul projet de R&D et créé 17 emplois.
  • La Bretagne 1 seul projet aussi pour 11 emplois, et l’Alsace 4 projets pour 162 emplois.

Quant aux services aux entreprises, la logique de fond reste la même. En 2014, Poitou-Charente a capté 3 projets étrangers pour 164 emplois, l’Aquitaine 4 projets pour 97 emplois, et la Lorraine 4 projets pour 50 emplois.

Enfin, il convient de savoir que 100% des projets recensés sont localisés au sein ou en proximité immédiate de la capitale régionale, posant ainsi de manière brutale la problématique des territoires ruraux   ou plus généralement de l’aménagement du territoire.

 

INSTALLATION DE PROJETS INDUSTRIELS ÉTRANGERS*.

L’EXEMPLE DE RHÔNE-ALPES – 2014

Concernant le secteur industriel, la France a instruit 294 projets étrangers au cours de l’année 2014.

Dont 30 en région Rhône-Alpes.

Mise en garde quant au choix du terme « instruit ». Il intègre les créations ex-nihilo, les extensions, les rachats-extensions, les reprises et les reprises extensions. Les documents de référence ne font pas le distingo entre les rachats-extensions et les reprises-extension.

Sur les 294 projets industriels étrangers développés en France seuls  40 sont des créations industrielles pures*.

Soit une représentation de 13,6% de créations sur l’ensemble des dossiers.

Appliqué à la région Rhône Alpes, ce % permettrait d’obtenir l’extrapolation suivante : 30 X 13,6% =  4 projets.

Ainsi, il y aurait eu l’année dernière 4 projets industriels étrangers strictement nouveaux installés en Rhône Alpes.

Par sécurité, nous avons opté pour une vérification par un autre mode de calcul. Ainsi, les références statistiques de base nous renseignent sur le fait que Rhône Alpes a accueillie 9% des projets, toutes activités, secteurs confondus et configurations.

Soit 1014 (volume des projets étrangers) toutes activités toute France X 9% = 91 (pour info)

(attention, le chiffre de 1014 concerne tous les secteurs d’activités, par opposition au 294 qui ne concernent que les activités industrielles)

Reprenant le chiffre initial de 40 projets industriels (créations nationales pures) installés en 2014, on applique ce même % ce qui donne :  40 X 9% = 3,6 projets.

Les deux résultats obtenus sont très voisins et démontrent que l’on est certainement proche d’une vérité démontrant que l’implantation ex-nihilo d’entreprises industrielles étrangères en France est une démarche particulièrement complexe. Il n’en demeure pas moins vrai que ces chiffres peuvent être améliorés dès lors que l’on intègre les notions de reprises, de rachats voire d’extensions de structures déjà existantes sur le territoire national.

Pour information, alors que Rhône-Alpes capte 9% des implantations étrangères toutes activités et tous modèles confondus, Midi-Pyrénées enregistre légèrement mieux avec 10% tandis que l’Ile de France est à 31 %.