RETORSION ET RETABLISSEMENT DE BARRIERES A L’ENTREE DE L’EUROPE POUR LES PAYS PRATIQUANT LEURS PROPRES REGLES PROTECTIONNISTES

Des aspirations sociales annonciatrices d’un protectionnisme dur…
Le cas de la Chine.

Jusqu’alors la Chine a construit sa croissance grâce à un processus visant à capter l’essentiel des marchés de la planète en utilisant une main d’œuvre sous-rémunérée et surexploitée. La première phase de ce modèle a conduit à « améliorer » globalement le niveau de vie des employés en même temps que les inégalités sociales ont crû. Une génération plus tard, les conflits se sont multipliés, le niveau de rémunération a doublé (même s’il reste symbolique), et le pouvoir en place s’est vu contraint à déplacer les outils de production dans les zones les plus rurales et pauvres du pays. Ainsi, face à ces évolutions visant à ralentir sa croissance, les autorités ont élaboré un nouveau modèle de développement, particulièrement étudié.  Sont alors apparus plusieurs phénomènes permettant de remettre en cause l’étude du modèle de libre échange. A nouveau, la Chine se positionne hors-cadre du concept de libre marché imposé par l’OMC. Ainsi, on constate la convergence de trois comportements :
–      L’assemblée populaire de Chine (APN) vient de voter des réformes telles que l’égalisation fiscale pour les entreprises chinoises et étrangères ainsi qu’un renforcement du dirigisme économique.
–   Dans un même temps, l’esprit qui anime la population réside aussi dans le renforcement des mesures protectionnistes et d’une mainmise de l’état sur les entreprises. L’objectif populaire tend à conforter le besoin de sécurité du travailleur chinois et de sa considération sociale.
–      Des mesures concrètes sont apparues. A titre d’exemple, dans le secteur du bâtiment, le ministère de la construction a décidé de privilégier les architectes nationaux considérés comme moins chers et dont les projets sont culturellement plus en phase avec le socle culturel du pays. Toujours dans le bâtiment, on parle de l’enthousiasme excessif pour les projets étrangers, lequel a provoqué une dérive financière lourde. On souligne la frénésie d’appels d’offres internationaux pour l’édification des bâtiments publics. On stigmatise l’entreprise étrangère obsédée par la nouveauté, l’étrange, l’unique. On parle de porte-à-faux face à un pays conformiste.
Et le gouvernement de préconiser la préférence de produits nationaux, l’émergence d’une marque nationale, le développement des politiques préférentielles aux entreprises nationales, et d’insister sur le fait que la mise en œuvre de cette stratégie est à court terme et concerne entreprises et particuliers, petits ou grands consommateurs, et toutes natures de produits.

Ce format nouveau de l’économie chinoise vise clairement à compenser la réduction mondiale de la croissance (donc les marchés captés en raison de sous-rémunération pratiquée en Chine) en même temps qu’il galvanise le peuple à préconiser la préférence nationale. Ce peuple soucieux d’améliorer sa propre condition, et pesant en masse sur les volumes de consommation (1 340 000 000 d’habitants) va aider ses propres dirigeants à réussir cette évolution.
En conclusion, lorsque de telles planifications économiques sont constatées, il est du devoir de l’Europe d’activer le fameux principe de réciprocité. A plus forte raison concernant une action émanant d’un des membres de l’OMC. On ne peut avoir été ouvert à tout crin pour inonder le monde de ses produits à bas coût pour ensuite verrouiller ses propres marchés et s’autosatisfaire en ayant capté au passage les processus technologiques des productions délocalisées d’Europe.  Cette publication a pris en exemple le cas de la Chine. D’autres pays sont plus ou moins dans des logiques similaires. L’Europe doit se prémunir contre ces pratiques qui ne visent pour certains pays qu’à modifier les seuls paramètres pour les redresser ou optimiser leur compétitivité au mépris de règles internationales.
Un manque de maturité du côté de l’Etat mais aussi des entreprises.
Est-on réellement sûr de la propension de l’Europe à se protéger ? l’idée d’une économie débridée et mondialement ouverte n’a pas véritablement produit le succès escompté. C’est le moins que l’on puisse dire. Si indéniablement la concurrence des pays à bas coût reste au cœur du problème à régler, la volonté de constituer des éléments de défense ne semble pas non plus arrivée à maturité. Ce phénomène est à la fois constaté au niveau des états de l’UE qui souhaitent préserver leur indépendance voire leur individualisme à négocier avec ses principaux partenaires extérieurs. Cette stratégie du chacun pour soi est précisément la posture qui empêchera toute manœuvre permettant la construction d’une politique économique commune face aux importations. Toujours du côté des états, nombreux sont ceux ayant signé des accords commerciaux avec des Pays tels que le Maroc, la Tunisie, le Pérou ou l’Egypte. L’essentiel des accords de libre échange ont été signé par la France ou l’UE avec des pays dont les capacités d’absorption de marchandises sont faibles. Les accords de libre échange ne peuvent donc raisonnablement être profitables à l’Europe que s’ils sont établis sur la base de volumes paritaires, élaborés sur des paramètres de production relativement proches qualitativement (coût du travail, politique sociale, équilibre des monnaies, respect de règles environnementales de production- mais aussi s’ils observent un certain équilibre des volumes échangés.
Du côté des entreprises, le même raisonnement peut être tenu. Au-delà des accords communs entre quelques compagnies, il n’y a pas eu de véritable stratégie de croissance infra européenne en matière de politique industrielle. Certains leaders sont nés  mais les expériences réussies de grands mariages européens sont très faibles. Ce qui tend à prouver que cette forme d’individualisme stratégique provoque un sous dimensionnement des compétiteurs donc une incapacité à gagner vraiment une place de leadership  mondiale.
En résumé, les états de l’UE se battent seuls, les entreprises aussi, et cette incapacité à construire un collectif européen peut s’avérer être l’explication à une faiblesse patente.