PARTIE I : EMPECHER LE DUMPING MONETAIRE

Il est particulièrement anormal d’accepter que notre économie donc nos entreprises soient victimes d’une forme de dumping pratiqué par les pays dont la monnaie est sous-évaluée. Les importations qui inondent alors nos marchés ont bénéficié de subventions déguisées émanant de leur pays d’origine. De fait, nos produits sont spontanément exclus par le consommateur à la simple épreuve de lecture des étiquettes. Même sentence pour les biens d’équipements lourds pour lesquels l’Europe et en particulier la France disposent d’atouts technologiques forts (TGV, aéronautique, énergie) et dont les contrats sont souvent liés à des transferts partiels de production dans les pays acheteurs.

Il n’existe pas de mesure de surévaluation ou de sous évaluation d’une monnaie, pas plus qu’il n’existe de règle applicable à une analyse généralisée de paramétrage des taux de change. Par contre il existe une solution simple permettant de s’exonérer de l’analyse des modèles économétriques de chaque pays en optant pour la méthode dite des « parités de pouvoir d’achat ». Le processus en est simple car il consiste à déterminer pour une quantité et une nature de produit précis, quel volume monétaire est mobilisable. Les Britanniques ont symboliquement appelé la démarche « indice Big Mac », le sandwich de la célèbre enseigne de restauration rapide étant ainsi la base référante  mondiale pour évaluer les monnaies.

Ainsi, il pourrait être possible de s’inspirer de cette méthode afin de protéger nos échanges des dumping monétaires déguisés. La démarche en forme d’option de protection de nos entreprises européennes consisterait ainsi à déterminer une bande fluctuante à l’intérieur de laquelle tout niveau de taux de change doit être contenu. Faute de quoi, les produits concernés sont frappés de taxes à leur arrivée sur le territoire de la zone euro.

Quand nous aurons su nous préserver du yuan chinois ou des pratiques monétaires en Indonésie en  Malaisie aux Philippines ou à Hong-Kong, une bonne part de nos entreprises industrielles seront sauvées et sans doutes de nouvelles implantations industrielles redeviendront  possibles. Mais ce n’est ni au FMI, pas plus qu’à la France d’intervenir. C’est à l’Europe elle-même (BCE)  de savoir et surtout oser se protéger On note que dans cette analyse, il n’y a aucun jugement sur le modèle économique des pays concernés, aucune intervention sur leur propre système bancaire, aucune action spécifique sur leur processus de production ou comportement d’acteur. Le choix est purement défensif et délibérément légitime.

A titre d’information, une distorsion de 10% de l’euro par rapport à des monnaies concurrentes se traduit à court terme par un recul de 0,5% /an du PIB. En constatant une évolution récente où l’euro passe de 1,2 à 1,35 euros, la compétitivité des entreprises françaises est directement impactée et leur pérennité remise en cause avec les conséquences que l’on connait sur l’emploi et l’explosion des chiffres du chômage. Mécaniquement la consommation prend l’aspiration. Les mesures d’austérité confortent l’irrémédiable modèle du cercle destructeur de l’économie française et surtout de son industrie.

Même s’il reste parfaitement défendable, le combat inflationniste semble avoir touché ses limites dès lors qu’il impacte lourdement l’une des seules fenêtres de redéploiement des entreprises à savoir l’exportation.

La lutte contre le dumping monétaire apparait comme l’une des seules clés afin d’enclencher un processus dynamique en faveur des entreprises européennes et françaises. Elle peut raisonnablement s’organiser à la fois sur la création d’un outil de contrôle de l’évaluation des monnaies, couplé à un second mécanisme de taxation pour les produits importés de pays aux monnaies sous-évaluées.

Fondamentalement c’est l’entreprise qui est au cœur du dispositif par opposition à toute interaction sur la demande.