Décryptages des logiques et stratégies de groupes (5/7)

5.- Les trajectoires concernées :

Les trajectoires constituent les formes de concrétisation des logiques de croissance précédemment exprimées. Ainsi, après avoir posé les grandes lignes d’évolution stratégique des groupes ou entreprises, les trajectoires expriment le contenu évolutif suivi par les dirigeants. Elles peuvent alors être recensées comme suit :

 

5.1 cohérence industrielle (croissance centrée), il est proposé quatre trajectoires associées :

  • La mono-activité, pour des groupes dont le format et la configuration en position de quasi monopole, ne peuvent raisonnablement évoluer que sur leur spécialisation initiale.
  • La différenciation, proche du point précédent, les structures considérées restent aussi très massives mais peuvent générer leur développement sur des domaines de proximité par rapport à leur compétence centrale.
  • Le désengagement, volontaire ou sous la contrainte, les firmes en question s’allègent de structures existantes par souci d’économie ou choix de renforcement grâce aux apports financiers que la structure cédée va alors permettre.
  • La diversification liée, conduisant les groupes considérés à se développer dans des sous- domaines en cohérence avec leur activité de référence.

 

5.2 démarche conglomérale (croissance dispersée), il est proposé deux trajectoires possibles :

  • Groupe congloméral industriel.

Selon une première configuration, les unités économiques concernées ont jusqu’alors évolué sur une logique de cycle de vie d’un produit ou d’un système. Ce cycle venant à s’achever, les outils industriels associés sont contraints à la fermeture.  Second cas de figure où les unités considérées sont arrivées à leur optimum de performance et sont alors obligées de considérer d’autres voies de diversification.

  • Groupe congloméral financier

La distinction par rapport à l’item précédent se fait sur la base de l’absence de stratégie industrielle au sens culturel du terme. Seule la stratégie financière est prédominante et se construit sur la base d’un tempo d’opportunité.

Ces deux démarches revêtent des options de croissance diversifiées dans leurs produits ou compétences. Ceci par opportunité ou par analyse stratégique. Seule apparaitra comme différenciante  leur nature même qui peut être soit productive (grand groupes industriels historiques) ou financière (compagnies financières, fonds d’investissement).

 

5.3 reconversion (croissance déplacée)

Groupe à nouveau positionnement. L’exemple le plus caractéristique pourrait être celui de Bouygues, créé, connu, reconnu et correspondant au secteur du BTP, et que l’on retrouve aujourd’hui dans la téléphonie mobile.

 

5.4 opportunité (croissance de circonstance)

Toutes les configurations sont possibles. La crise de 2008 a provoqué un drame industriel, provoquant de multiples plans sociaux et fermetures d’entreprises. Sont alors arrivées sur le marché des reprises potentielles de sites industriels à des conditions parfois proches de zéro. Le seul paramètre de négociation étant la préservation de l’emploi. Certains groupes ont alors pu devenir propriétaires d’activités nouvelles, qu’il s’agisse du fond de commerce ou des actifs immobiliers.

Dans ce cas précis, nous sommes dans l’opportunité la plus totale, pure représentation des comportements commandos de prédateurs financiers.

L’analyse des trajectoires de groupes ne permet pas de traduire les conséquences réelles en matière d’implantation d’entreprise. Les évolutions sont à considérer au coup par coup. Les processus d’acquisition de terrain industriel, de réalisation d’un immobilier industriel ou tertiaire, restent faibles.