Prospection et implantation d’entreprises du secteur des éco-activités et des ENR (2)

LES COLLECTIVITÉS DOIVENT-ELLES ABANDONNER UN POSITIONNEMENT SUR LA FILIÈRE DES ENR ?

LES COLLECTIVITÉS DOIVENT-ELLES ABANDONNER LA FILIÈRE ENR ?

À la première question la réponse est OUI  pour la plupart d’entre elles !

À la seconde question la réponse est NON !

 

A propos du premier point un nombre de pré-requis est à poser. Un positionnement sur les ENR doit correspondre à une réalité, principalement structurée sur l’historique du territoire, la typologie des structures qui y sont installées, la nature des activités développées, une certaine forme de continuité verticale ou horizontale dans la filière, et enfin la stratégie du territoire. En résumé, aucune forme d’approximation n’est possible et le ticket d’entrée reste très élevé.  La vraie difficulté réside dans le fait que la plupart de ces impératifs ne tiennent pas seulement aux engagements de ces mêmes collectivités mais surtout aux professionnels du secteur.

Toute collectivité désireuse de positionner son territoire sur cette spécialisation – et l’implantation d’entreprises – devra justifier d’une réelle capacité de ses propres acteurs. Il est impossible de valoriser cette spécialité sur la seule présence de deux ou trois industriels ou opérateurs, fussent-ils dans l’excellence. La notion de positionnement requière une logique de filière, de complémentarité, d’expériences partagées et de l’indispensable interaction entre la formation de pointe, la technologie et l’industrie novatrice. Peu de territoires en France peuvent justifier d’une telle configuration. Seule la région Rhône-Alpes semble faire figure de candidat sérieux en la matière.

L’innovation reste au cœur du processus. La vraie difficulté est que par nature elle reste instable. Ainsi, dans le domaine du photovoltaïque de nouvelles technologies émergent. On parle de cellules solaires intégrées dans des matières plastiques grâce aux matériaux semi-conducteurs. Certains groupes sont déjà avancés (RHODIA). D’autres technologies sont testées telles que le frittage pour l’élaboration même des wafers (APPOLON SOLAR). En résumé, une grande incertitude fragilise toute prise de position. Au cœur d’une filière en pleine tourmente, seules les entreprises déjà engagées et justifiant d’un niveau de taille critique suffisant sauront résister. La démarche d’implantation d’entreprise n’est donc pas une démarche facilitée et aisément accessible pour la collectivité et les agences de développement, elle est même complètement le contraire.

De nombreux territoires continuent à faire l’erreur de rechercher le positionnement sectoriel à tout crin. Il est parfaitement possible d’accueillir une unité industrielle en dehors même de tout affichage sectoriel patent. Pourvu que l’usine en question y trouve les éléments fondamentaux à sa création de valeur (main d’œuvre qualifiée, réseaux de communication suffisants, sous-traitance efficace).

La simple lecture d’un journal économique dédié à l’économie locale et à l’implantation d’entreprises fait ressortir un nombre impressionnant d’organisations publiques ayant choisi les énergies renouvelables ou les éco-activités comme positionnement spécifique. Le plus souvent ces choix sont surfaits et caricaturaux. La concurrence apparaît exacerbée, les ENR sont devenues un phénomène de mode, les argumentaires s’organisent sur de faibles justifications, qu’il s’agisse du volume d’opérateurs installés sur les territoires concernés,  des niveaux de compétences présents, des liens entre chacun, des formations accessibles. A titre d’exemple, en ce début d’année 2011, la région Poitou-Charente et la communauté d’agglomération du pays Châtelleraudais, annoncent un énième pôle écologique en France avec la NFE (Nouvelle Fabrique Ecologique). Ce site dédié aux domaines de la mobilité propre, des éco-matériaux et des ENR sera physiquement installé au sein des anciennes usines ISOROY et FABRIS. A nouveau le processus intrinsèque de cette création repose sur l’opportunité d’un immobilier disponible et d’un affichage marketing simple.  La vraie cohérence d’un tel projet devrait être liée à une logique « de contenu » (entreprises locales, savoir-faire, compétences territoriales, etc.), et non une démarche « de contenant » par la simple présence d’un site à réhabiliter et un seul porteur de projet déjà présent localement et n’ayant nullement signifié son accord définitif pour intégrer le pôle.

L’aval de la filière est un domaine à ne pas négliger, et particulièrement les compétences liées à l’étude, le développement et la mise en place des systèmes. Le nombre des installateurs  détenteurs du label QualiPV a doublé en 2009. Ils sont plus de 6000 à disposer de cette qualification, laquelle trouve sa pleine justification pour une compétence qui allie différents métiers tels que l’électricité, la couverture, l’étanchéité, la soudure, la plomberie, etc. Cependant, avec un marché orienté au durcissement, on peut craindre de nombreuses défaillances parmi ces installateurs.

En résumé, une conclusion assez provocatrice permettrait de recaler chacun dans une vraie logique analytique de l’implantation d’entreprise et du développement du secteur des ENR à savoir que personne ne peut remettre en cause la nécessité de préserver la planète. Ce point est acquis. Nous sommes dans une logique humaniste profonde, indispensable voire impérative. Cependant, il convient d’afficher une vraie logique industrielle face à cette nécessité. Celle des emplois, des productions Européennes, de l’innovation, mais aussi de l’aménagement du territoire qui reste sans doute la première étape afin de répartir harmonieusement Hommes et richesses. Et nous en sommes très loin.  Pour l’heure les énergies renouvelables oscillent en France entre nécessité, erreur et imposture.