Implantation d’entreprises, un marché complexe concurentiel et saturé

Le marché de l’implantation d’entreprises au travers des missions initiées par les agences de promotion territoriale s’avère être particulièrement conséquent. Étonnamment, aucune étude ne permet actuellement de définir précisément les budgets consacrés à la « chasse aux entreprises ». On peut cependant avancer sans trop de risques que les budgets alloués atteignent plusieurs dizaines de millions d’Euros. Plusieurs facteurs expliquent le phénomène.

 

La diversité des opérateurs

Spontanément on peut penser aux agences de développement dites conventionnelles. Il s’agit de structures le plus souvent régionales telles que celles référencées par le CNER (Fédération des agences de développement et des comités d’expansion).

L’Agence régionale de développement économique de la région Auvergne (ARDE Auvergne) ou Midi Pyrénées expansion en constituent des exemples. S’y rajoutent, les agences départementales de type comités d’expansion (Yonne développement ou Aisne Développement). Il faut aussi compter les villes moyennes (Dunkerque Promotion ou Laval développement), les grandes agglomérations (ADERLY pour Lyon ou Métropole Nice Côte d’Azur, Pays d’Aix développement). Mais de petites villes disposent aussi de leur propre structure de développement (Mission économique de la ville de Talence, Agence de développement d’Alberville. Les communautés de communes disposent aussi de la compétence économique. A ce titre, nombre d’entre elles programment chaque année des opérations de détection d’entreprise. Les Chambres de commerce sont elles aussi engagées dans des opérations de prospection, soit en individuel, soit de manière collective (Var Accueil Investisseurs – guichet unique d’accueil des initiatives de la CCI du Var et du Conseil Général).

D’autres opérateurs peuvent aussi être impliqués dans des actions de promotion et de prospection d’entreprises tels que les syndicats mixtes (CAP 3 B à Bourg en Bresse, Syndicat mixte de développement économique du Marmandais). S’y rajoutent aussi différentes formes de structures, tels que les comités de bassin (Seignanx, d’Ancenis ou du Pays d’Apt), mais aussi certaines SEM (Société d’économie mixte), SEM Gironde Développement ou SEM 92). Et n’omettons pas les structures de promotion à positionnement sectoriel (valorisation des savoirs faire ou de secteurs de référence), les clusters, pôle de compétitivité et autres.

En résumé une incroyable diversité de structures, de problématiques d’affichage évidentes, mais surtout une multiplicité d’ actions et de missions de prospection et une sollicitation permanente des entreprises et des porteurs de projets.

 

La diversité des missions

La notion de développement économique intègre un spectre très élargi d’actions, programmes et missions, dont la mise en œuvre vise à stabiliser, compenser ou optimiser la dynamique économique du territoire concerné. Naturellement, et dans le cadre qui nous concerne, on pense spontanément à la recherche de nouvelles entreprises. Sous ce simple intitulé, toute une série d’actions peuvent être déployées :

  • missions de prospection
  • animation de clubs de développement
  • campagnes de communication
  • développement d’outils supports
  • événements spécifiques
  • rencontres annuelles thématiques
  • conférences et débats
  • adossement à des manifestations existantes
  • représentations physiques du territoire à Paris
  • salons professionnels
  • web actions et réseaux sociaux

Depuis une dizaine d’années se sont développées de nombreuses initiatives dont l’objectif central vise à l’implantation d’entreprises et à la promotion des territoires. Bien que les impératifs budgétaires aient contraint à une plus juste évaluation des dépenses, les sommes allouées sont, au final, considérables à l’échelle de notre pays.

Ainsi, il est essentiel de pouvoir tenter de mesurer la pertinence de ces actions, le contenu des missions, les processus méthodologiques déployés, la qualification de ceux qui les conduisent et les résultats potentiellement attendus. La détection d’entreprises requiert un réel savoir faire, articulé autour de méthodes cohérentes, innovantes voire disruptives.

L’impact de la crise

Dès l’automne 2008, la France est entrée dans un processus de destruction sévère de son tissu économique. 2245 plans sociaux en 2009, 1191 en 2010, et cinq ans après, la tendance qui se confirme avec l’apparition de 1000 nouveaux demandeurs d’emploi chaque jour. A titre d’information, entre 2002 et 2012, la France a perdu 97136 établissements industriels.

En 2013, tous les indicateurs économiques sont au rouge. Au plan régional, élus et opérateurs du développement économique prennent chaque jour la mesure de ce désastre. Désastre annoncé pourrait-on dire, tellement il a peu été fait cas de notre industrie nationale et ce depuis des années et quels que soient les gouvernements concernés. L’industrie se meurt et nos territoires avec. La conséquence en est le lancement de nombreuses initiatives portées par les collectivités territoriales, toujours plus soucieuses de maintenir une certaine dynamique au local, faute de pouvoir enregistrer de nouvelles implantations d’entreprises.

 

Ceci sans oublier les drames locaux avec l’annonce de fermetures d’usines souvent emblématiques (Electrolux à Revin 08, Lejaby à Yssingeaux 43, Heuliez à Cerizay 79, Goodyear à Amiens 80, Doux à Châteaulin 29, Cacharel à Nîmes 30, Trailor à Lunéville 54, Vogica à Chatenois 88, Plysorol à Lisieux 14).

Une liste d’exemples infinitésimale au regard de la grande débâcle industrielle française.

Alors chacun s’emploie à développer des trésors d’ingéniosité, d’opiniâtreté, d’engagement personnel et collectif pour convaincre de nouveaux dirigeants. La chasse aux entreprises se poursuit, s’amplifie, s’intensifie. La démarche est forcément louable mais la tâche reste tellement complexe.

Implantation d’entreprises, le rouge est mis !