Evolution des stratégies de groupe : le cas DCNS (2)

Seconde lecture

L’implantation d’entreprise nécessite le plus souvent de bien connaitre la vie des entreprises et certaines surprises sont souvent constatées.

Pour ce qui concerne DCNS, la seconde approche est révélatrice des approfondissements nécessaires à réaliser.

Ainsi, derrière un groupe tel que celui qui vient d’être décrit, on découvre des indicateurs surprenants. En particulier 45 Mlls d’euros fléchés depuis 2010 sur la diversification et plus de 100 Mlls de commandes consécutives à ces nouvelles orientations industrielles.

Dans les faits, DCNS a engagé depuis trois années un redéploiement de deux filières fortes :

Les EMR (énergies maritimes renouvelables) avec quatre applications technologiques innovantes :

–       L’hydrolien

–       L’éolien offshore

–       L’énergie thermique de la mer

–       Le houlomoteur

… et le nucléaire civil, avec la conception de mini centrales immergées. Il s’agit de petits réacteurs dédiés aux espaces isolés des grandes zones de production et d’alimentation d’énergie nucléaire.

Les premiers succès sont d’ailleurs au rendez-vous avec un volume d’affaires atteignant plus de 30 mlls depuis 2011, 100 Mlls de commandes enregistrées et une projection pour 2020 à 1,5 Mds d’euros pour la seule spécialisation « énergie » du groupe.

Passer du sous-marin à la production d’énergie en mer n’a rien d’aléatoire. C’est fondamentalement une mutation industrielle profonde et planifiée dans la durée. Un processus évolutif à valeur d’exemple pour le développeur dans ses démarches de prospection, et qui illustre les mutations profondes de nombreux groupes industriels en Europe et dans le monde.

 

Dans les faits

DCNS  dispose de 14 sites industriels. En seulement trois ans, 4 nouveaux sites sont envisagés ou planifiés, dont Cherbourg et Brest, principalement dédiés à la fabrication d’hydroliennes pour le premier et d’éoliennes en mer pour le second.

Des implantations industrielles nouvelles, presque inattendues. Dès lors, pourquoi ne pas envisager d’autres initiatives où certaines logiques partenariales pourraient être concernées avec AREVA en Bourgogne et le CEA à Grenoble ?

De plus, et au-delà de la production, l’innovation est forcément renforcée. A nouveau, une vraie dynamique de développement tirée vers le haut avec la création de DCNS Research et ses 120 ingénieurs et techniciens qualifiés.

 

Et une nouvelle approche par métiers

Alors que l’analyse est initialement partie des produits du groupe (Sous-marins et porte-avions), elle a évolué vers de nouvelles lignes d’autres produits, très éloignés des domaines d’applications initiaux (défense, sécurité, frégates, etc.). C’est en fait les technologies des milieux d’évolution qui on été suivies. En particulier des milieux contraignants comme les courants maritimes, les vents, les marées, la météorologie, l’hydrologie, qui permettent de décliner les « savoir-faire métiers ». C’est prioritairement ces angles d’approche et d’investigation que devra repérer le développeur. Quelques exemples : la soudure, la corrosion, les vibrations, l’étanchéité, la stabilité, l’alimentation électrique, le stockage énergétique, l’ingénierie de mise en œuvre, la sécurité des installations, la maintenance.

 

L’internationalisation du groupe

Un point qui viendra à nouveau complexifier la démarche du prospecteur. Comment convaincre un groupe tel que DCNS à investir en France pour y concrétiser des implantations nouvelles ?

Le groupe va aller chercher sa croissance au-delà des frontières. Cette internationalisation se concrétise à chaque opération par des créations de filiales et des partenariats (Inde-Maroc-Brésil).

Il reste pour la France quatre objectifs clés pour conforter l’ancrage de ces fleurons :

  • Forcer la dynamique d’implantation sur de la très haute performance technologique.
  • De laquelle naitront et se multiplieront les opérations tests (programme « sea the future »  avec le pilote expérimental d’hydroliennes au large de Paimpol-Bréhat, à la fois orienté sur la maîtrise technique mais aussi sur le bilan économique de la production d’électricité grâce à l’énergie de la houle.
  • Maintenir en France la fabrication de pièces et systèmes fondamentaux, celles qui exigent des niveaux de performance absolus.
  • Raisonner sur une consolidation européenne, qu’il s’agisse de défense bien sûr mais aussi de la production d’énergie.