…le financement de la petite entreprise (moins de 20 salariés, CA inférieur à 5 millions d’euros)

par : Muriel Chenouard-Gautier - Présidente de Territoires Actions

Se poser la question du mode de financement de son entreprise permet de prendre du recul sur le besoin immédiat, et de considérer son développement placé en perspective. Cette lecture stratégique est induite par la vision à moyen et à long terme grâce à laquelle le dirigeant doit positionner son entreprise.

À toutes les étapes, la  question du financement de l’entreprise et de sa croissance se pose.

À la création : faut-il emprunter auprès d’un partenaire bancaire ?  Faire rentrer des associés au capital ? Convient-il de s’adosser à un investisseur ?  Quelle part de fonds propres est-il judicieux d’engager ?

Au cours de la vie de l’entreprise, en cas de tensions sur la trésorerie, s’interroger : est ce conjoncturel, structurel ? Autrement dit, ce besoin de trésorerie est-il passager, ou faut-il chercher à planifier son évolution possible sur les mois qui viennent et prévoir au plus tôt les moyens d’y faire face ?

Les solutions sont multiples, mais là encore, l’analyse des causes et de la spécificité de l’entreprise permet de diagnostiquer les remèdes adaptés : faut-il se contenter de relancer  ses propres clients et négocier des délais auprès de ses fournisseurs ? Faut-il mobiliser le poste client ? Négocier un découvert auprès de sa banque ? Recapitaliser l’entreprise en faisant appel à des capitaux extérieurs ?

Devant un projet d’investissement quel qu’il soit (outils et équipements de production, modernisation d’un site industriel, implantation d’entreprise, diversification produit), toutes les combinaisons de financement doivent être envisagées, comparées et mises en perspective. Et ce, même si à priori ce projet ne concerne qu’un investissement en temps dédié à la recherche et au développement ; ce travail n’est pas immédiatement facturable, il présente donc un coût pour l’entreprise.  Il est impératif de chiffrer précisément les besoins et de s’interroger sur le mode de financement à retenir (autofinancement, emprunt, subvention, crédit d’impôt recherche, partenariat avec un fournisseur, etc.).  En France, l’actionnariat salarié est peu développé. Pourtant, le fait d’associer certains salariés au capital peut faciliter le développement de l’entreprise, ainsi que sa transmission le moment venu.

Devant un projet d’implantation, l’investissement à venir va engager l’entreprise et ses dirigeants pendant parfois plusieurs décennies. Il est donc non seulement primordial de sélectionner ses fournisseurs de capitaux avec soin, mais aussi d’examiner les conséquences (fiscales, financières, humaines) pour l’entreprise et son dirigeant quant aux choix retenus.

Enfin, en cas de croissance externe, un équilibre est à trouver entre les modes  de financement (dette bancaire, autofinancement, investisseurs), de manière à ne pas asphyxier la cible par un recours à un emprunt sénior trop tendu et lui permettre de conserver la trésorerie nécessaire pour faire face à sa croissance et à des besoins de réorganisation qui peuvent y être attachés.

Les réponses sont liées à la liberté d’action que peut se donner un dirigeant d’entreprise, avant toutes considérations financières.

Chaque source de financement répond de manière spécifique à une phase du cycle de vie de l’entreprise, et aura des conséquences sur son évolution.

En France, on assiste à un curieux mélange des genres : la puissance publique,  au lieu de concentrer ses efforts sur la fluidité du marché entre offreurs et demandeurs de capitaux, elle participe de façon extrêmement complexe à l’offre de financements, en proposant plusieurs milliers de dispositifs différents.

Le dirigeant de la petite entreprise devra donc s’entourer de conseils, de manière à identifier quels  acteurs solliciter en fonction de ses besoins et de la phase évolutive dans laquelle se positionne son entreprise.

Ainsi, la complexité du paysage et des outils financiers disponibles ne constitueront plus des obstacles infranchissables, mais plutôt des opportunités à saisir.

Muriel Chenouard-Gautier –

Territoires Actions

Conseil en ingénierie financière et recherche de financements publics/privés.